Meyer
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    Pékin, ses monuments écrasants, ses grues arrogantes et ses embouteillages assourdissants.
    En cette année olympique, Pékin réserve pourtant encore certains moments de grâce, jalousement protégés par une armée de résineux centenaires. Lorsque, chaque matin à l’aube, dans la quiétude boisée du parc du temple du Ciel, les pratiquants du qigong viennent se livrer à un énigmatique rituel.
    Chacun dans son cercle d’énergie, les yeux fixés sur un point invisible, le souffle profond, les tempes durcies par la concentration.
    Certains marchent en rond, agitant les bras en lâchant des cris rauques et déchirants qui se répondent en écho à travers le vaste parc. D’autres frappent un tronc du plat de la main gauche, puis de la main droite, dans un va et vient puissant répété à l’infini.
    D’autres encore déploient bras et jambes dans des mouvements circulaires d’une lenteur hypnotique.
    Tous sont invariablement oublieux du monde qui les entoure, imperméables aux regards incrédules que lancent les visiteurs matinaux devant les divers enchaînements qui composent leur mystique gymnastique.
    Une discipline qui propulse ses adeptes à des années-lumière de la frénésie matérialiste de la Chine moderne.
    A la rencontre du souffle universel taoïste qui guérit les maux et apaise les âmes, ce fameux « qui » qui permet aux esprits humains de se dissoudre dans l’air pour être mieux en phase avec l’énergie cosmique. Rien de moins.