Sur-vie sous (Roumanie, 2007)
Dix ans après son premier reportage sur les enfants des rues de Bucarest, je suis repartie en Roumanie retrouver ceux que j’avais alors longuement côtoyés. A l’époque, ils étaient environ 2000 à se calfeutrer sous terre, le long des canalisations d’eau chaude de la ville. La situation s’est nettement améliorée puisqu’on les estime à présent à moins d’un millier. Mais les conditions de vie de ceux-là se sont considérablement détériorées.
Dix ans plus tard, les retrouvailles avec les enfants d’hier sont souvent décourageantes. Elvis ou Mihael sont en prison, tombés pour vol ou pour deal d’héroïne ; Iancu, Mari-Cica ou Dan fréquentent encore le même canal de la ville ; Christina ou Anka sont décédées, emportées par la maladie ou par leurs difficiles conditions de vies ; Rubina, Ana-Maria ou Rafael sont partis à l’étranger, souvent en Italie, espérant trouver là-bas une vie meilleure. Certains bien sûr comme Marian ou Corina s’en sont sortis. Mais force est de constater que ces miraculés des rues restent rares.