Médecin de campagne (France, 2001-2009)
 
Mon père était médecin de campagne dans les Côtes d’Armor.
Lorsque j’étais enfant, je le voyais peu, il travaillait 14 heures par jour si je me souviens bien. Nous partions ensemble le matin à 8h, il me déposait à l’école et ne revenait que tardivement, à une heure où, gamin, je dormais profondément. Il me disait souvent qu’il se relevait la nuit, pour se rendre au chevet de ses patients. Un appel : une bonne grippe, un malaise cardiaque, une femme sur le point d’accoucher, les gendarmes qui viennent de débusquer un type menaçant en plein delirium tremens. Parfois, il était remercié en poulets, lapins et autres mets offerts au moment de son départ ou que l’on déposait à la maison.
C’est à l’heure de sa retraite que j’ai voulu comprendre son travail.
 
Mon père cherchait un successeur, quelqu’un pour prendre la relève auprès de ses patients. Je me suis rendu compte alors que ce métier n’attirait que peu de candidats à la campagne. Il a trouvé, après un an de recherche, Christophe, un jeune médecin, emballé par la région. Et pour cause, il est breton lui-même! Christophe a accepté que je le suive et nous avons battu la campagne ensemble. Il est là, à l’écoute, auprès de tous, avec le contact, le même que papa, acquis au fil des années.
 
Vous entrez à l’intérieur d’une autre France, loin des grands centres urbains, dans ces maisons où la cuisine est le centre du monde. Ces petits morceaux de lien social qui existent le temps d’une consultation. Tant qu’il y aura des médecins de campagne…
 
Voir le livre
 
Voir l’exposition