Un port (Douala, Cameroun, 2003)
Avant mon arrivée, mon contact sur place m’avait prévenu : «Méfiez-vous, la lumière est pourrie». Je l’avais pressenti peu avant l’atterrissage de l’avion nickelé : des trous d’air béants avaient poussé une femme derrière moi à hurler dans la carlingue tandis que l’empennage ployait sous les coups de boutoir des cumulo-nimbus. Mes yeux rougis par la fatigue et les fuseaux horaires avaient à peine cligné au creux de la houle des dépressions. Sur le tarmac poisseux troué d’énormes nids de poules, la puissance lourde des nuées semblait n’être là que pour peser sur nous, pauvres pêcheurs d’illusions condamnés à errer, dans le port, jusqu’à l’embouchure du fleuve moite. Oui, la lumière était effectivement tout à fait pourrie, et ça avait été une des raisons qui m’avait poussé à accepter ce nouveau contrat…
Série réalisée au cours d’une résidence au C.C.F de Douala (Cameroun) dans le cadre du projet “Ports d’Afrique” (Rencontres de Bamako-2003, Rencontres d’Arles-2004)
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