Photographes / Thierry Ardouin
AZIMUT
2017
La marche est quelque chose de primaire, de primitif voire d’essentiel. Je souhaitais que ma proposition photographique en soit le reflet le plus fidèle, qu’elle fasse lien avec la nature environnante, en soit presque une sorte de personnification. Chaque jour donc, j’ai ramassé des éléments du règne végétal, animal ou minéral, trouvés le long de mon chemin. Puis quand le lieu s’y prêtait et les conditions étaient réunies, soleil et eau courante, j’ai disposé mes éléments sur une feuille de papier préalablement enduite pour constituer un photogramme cyanotypique. J’ai naturellement intitulé l’ensemble de photogrammes « empreintes cyanotypo-photographiques ». Sept jours de marche, sept empreintes.
Série réalisée dans le cadre du projet collectif AZIMUT de Tendance Floue.
Crocus fraîchement cueilli et bogue de châtaigne (malheureusement) vide de la forêt de Lourdes aux bons soins du soleil de 14h et de la source jaillissante de la fontaine toute proche. Dans le langage des fleurs, le crocus symbolise la crainte et l’inquiétude (Tiens donc !), tandis que la châtaigne, la justice et l’équité. Cette dernière est connue pour ses propriétés toniques et reminéralisantes. D’où vient sans aucun doute l’expression argotique : t’en veux une ?
Petit lézard à peine mort du matin et sa queue coupée, fleur de pissenlit légèrement fanée et gland de la forêt sous le soleil de 15h. Lavée soigneusement dans l’eau fraîche de l’Ouzom.
Bout de bois et son lichen, reste de tourterelle, feuille de fougère de la forêt, petits cailloux du ruisseau et l’action complice du soleil de 11h33.
Trèfle à trois feuilles (mais on dirait quatre), petit scarabée ou plutôt ce qu’il en reste, grande sauterelle verte de la prairie, noix tombée de l'arbre et herbes folles sous le soleil de 14h30. rincée dans un ruisseau sans nom, sous le regard intrigué de trois ânes dans le pré tout proche.
Panicule (fleur mâle), spathes et soies (fleurs femelles) d’épi de maïs tombées d’une remorque de tracteur, sous le soleil de 11h. Débarbouillée dans la Mielle.
Petit bout de bois, fleur de chardon et mousse de la rive. Imprimée par le soleil de 15h et nettoyée dans le ruisseau du bord de mon chemin.
Feuilles de chênes (nombreuses), glands et chapeaux retournés de petits champignons du sous-bois sous un bien pâle soleil de midi. Baignée dans l’eau calme de l’Ibarle.
