Projets Collectifs

Azimut

2017

Azimut est une marche photographique de plus de 8 mois à travers le territoire français, menée en relais par 31 photographes. L’itinéraire de chacun est libre. Chemins creux ou routes goudronnées, lignes droites ou sinueuses, les marcheurs-photographes n’ont qu’une règle à respecter : être à l’heure au rendez-vous fixé à celui ou celle qui lui succède.

À travers ces parcours, Tendance Floue fait l’expérience paradoxale de la liberté et de la contrainte qu’offre la marche. Le ralentissement du temps, la soumission à la météo et l’épuisement du corps changent le rapport aux lieux traversés, aux paysages découverts, aux rencontres possibles produites par ce lent déplacement. Le vertige de la liberté, la griserie de cette disponibilité rare à soi-même et aux autres, l’inhabituelle acuité du regard sur ce qui environne, tout autant.

Pour cette expérience hors norme, 13 photographes de Tendance Floue ont invité 18 photographes extérieurs au collectif à venir partager et enrichir l’aventure artistique. Les récits photographiques ont été révélés au fil de la marche, sur Instagram et à travers six carnets photographiques auto-édités. Ils ont par la suite été présentés sous forme de livre et d’exposition.

Projet réalisé avec le soutien de la SAIF (Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe).

BERTRAND MEUNIER
MONTREUIL > KM 0
« Je suis allé en bord de Seine observer les retraités et leurs chiens. J’ai pensé aux « feux de l’amour », à ma mère que je n’ai pas vue depuis cet été, à plein de petites choses de la vie, la mienne, la vôtre, le monde. C’était bien. Tout était calme. »
GREGOIRE ELOY
FONTAINEBLEAU > KM 191
« Sur une longue ligne droite sans fin, j’ai lu en marchant. La ligne droite ca flingue le mental de n’importe quel sportif d’endurance. Il suffit de regarder devant le point de fuite pour que vos jambes se dérobent et que l’envie d’abandonner là tout de suite vous envahisse. »
GILLES COULON
MONTARGIS > KM 342
« On est dimanche, je me sens seul. Je paie, je sors, je marche à nouveau. Mes jambes sont un peu lourdes. Pas facile les départementales. Compliqué de trouver la bonne technique, entre goudron et bas-côtés dans l’herbe. »
MEYER
CHABLIS > KM 460
« Gilles est parti, comme toujours, fatigué et radieux. L’amitié nous pousse au partage, je pars à mon tour et quitte Chablis par les collines. »
ANTOINE BRUY
MONTARGIS > KM 342
« Je fais une photo du couple, en compagnie de la peau d’ours. Elle est nulle. Je vais me coucher, les jambes endolories. »
MARION POUSSIER
SAINT-LÉGER-SOUS-BEUVRAY > KM 798
« Plus tard en marchant, je repense à ce voyage, à notre amour à ce moment-là, à nos deux filles qui sont nées peu de temps après, à ce que nous sommes devenus maintenant. Pas boulangers. Et notre amour ? Sur le chemin, je photographie ces branches entremêlées, cassées. Ça me parle. Les moments qui brisent et ceux qui consolident une histoire. Quels chemins avons-nous pris ? »
DENIS BOURGES
DECIZE > KM 997
« A 20h, les résultats des élections présidentielles tombent. Le maire annonce les résultats pour Saint-Léon. Sur 380 votants : 98 pour Marine, 75 pour Mélenchon, 72 pour Macron et 68 pour Fillon. En sortant Bernard nous interpelle, il a l’air heureux de nous annoncer qu’il va voter Le Pen au deuxième tour. »
PASCAL AIMAR
LAPALISSE > KM 1101
« Ce matin j’ai fait ma première photo à 11h11. Cet horaire m’obsède. Je ne porte pas de montre mais quand mon regard croise une pendule, il est souvent 11h11. A tel point que j’en suis arrivé à penser que j’allais mourir à 11h11. Ou alors suis-je né à 11h1. »
ALAIN WILLAUME
ÉBREUIL > KM 1177
« Le soleil décline. Je dresse mon campement au bord d’un étang et reste longtemps allongé à dérouler mon dos, déplier mes épaules, repousser la douleur. Je découvre le murmure des poissons, loin, loin. Dans la tombée de l’ombre, j’entrevois à peine le chien des Baskerville par la fente de la tente (…) je suis ici, je reconnais et je comprends, je partage ce qu’on me dit. Et tout est neuf. »
PATRICK TOURNEBŒUF
SAINT-MAURICE-PRES-PIONSAT
> KM 1299
« Je me perds sur mon trajet, je grimpe des talus interminables, j’emprunte des chemins qui n’existent plus. La nature est splendide. Un gros caillou me réconforte le dos. J’admire le bruit des oiseaux, les odeurs, la sensation de liberté, la force de la vie. »
FLORE-AËL SURUN
GUÉRET > KM 1412
« Je pense à nos peurs imaginaires, comme dans la terrible nuit des contes où l’on regarde les fenêtres illuminées d’une maison dans la forêt, là-bas au loin, très loin. »
MAT JACOB & JOSÉ CHIDLOVSKY
MEYMAC > KM 1582
« Grève ! Inssurection
Communiqué zéro – 31.05.2017, 10h44
Nous, José Chidlovsky et Mat Jacob, actons l’arrêt immédiat de la marche Azimut. »
KOURTNEY ROY
MEYMAC > KM 1582
«It’s hell here, a nice hell but still hell.»
PASCAL DOLEMIEUX
BRIVE-LA-GAILLARDE
> KM 1712
« Je suis passé aussi au bord des gouffres, des gouffres devrais-je dire tellement la région en est truffée. Une sorte de gruyère avec des brebis autour. Et il fait chaud. Et beau. Tout va bien. »
MICHEL BOUSQUET
GRAMAT > KM 1812
Georges Braque dit :
« Il faut choisir : une chose ne peut être à la fois vraie et vraisemblable. »
JULIEN MAGRE
DECAZEVILLE > KM 1926
« Je suis dans un petit village qui s’appelle Sénergues. Je ne sais pas trop ce qui se passe mais ça se passe. Rien ne m’attend, rien ne me presse. Pas d’enjeu, pas d’angoisse, du vent, de la pluie, la tête et les pieds. On verra ce qui arrivera demain. Je suis là.
C’est déjà beaucoup »
STÉPHANE LAVOUÉ
AUMONT-AUBRAC > KM 2099
« Cette campagne se meurt, convulse en crachant sa haine de l’autre, de l’étranger. Ces gens se sentent abandonnés. Leur colère se trompe de cible.»
LÉA HABOURDIN
LANGOGNE> KM 2246
« C’est grisant d’avancer. On serait tenté d’aller loin, d’aller vite, on commence à compter les kilomètres, à se congratuler. Mais j’ai lesté mon sac de pierres et cet éloge de la pesanteur empêche toute velléité kilométrique, je n’irai pas loin, je n’irai pas vite. »
FRÉDÉRIC STUCIN
GÉNOLHAC > KM 2364
« Marre du vert, de la caillasse et des randonneurs. C’est décidé, je me tire en ville. Du bitume, des immeubles, des bars. »
MARINE LANIER
MONTPELLIER > KM 2616
« C’est une chaleur de scorpion. Son venin coule dans mes veines. Je marche hallucinée. Le désert est rouge.
Je n’ai pas de destination.
Je suis l’errant, le vagabond, le contrebandier.
Je vois des mirages. »
CLÉMENTINE SCHNEIDERMANN
SALASC > KM 2743
« Il est 23h, je frappe à la porte d’un mobil-home. Un homme d’une soixantaine d’année sort. Il vit à Nîmes et passe tous ses étés ici depuis dix ans, seul en compagnie de son caniche. Je photographie son chien, assis sur la banquette. L’homme est touché. Combien je vous dois ? insiste-t-il. »
MOUNA SABONI
BÉZIER > KM 2902
« Je marche au milieu des vignes. La lumière et les odeurs du matin rendent la marche magique. Je ne croise personne. Je commence à parler toute seule. Sans m’arrêter. Au bout d’un moment je me mets à chanter. »
GUILLAUME CHAUVIN
PERPIGNAN > KM 3048
« Puis je grimpe encore. Un oiseau me frôle, aussi bruyant qu’un cerf-volant. Je traverse parfois le maquis à quatre pattes, en marmonnant Azimut. Au même moment Anastasia m’apprend par sms que Victor commence à marcher. Devant mes yeux le temps danse, flou. »
YANN MERLIN
PRADES > KM 3163
GABRIELLE DUPLANTIER
RIVESALTES > KM 3249
« Il fait nuit noire. En scrutant le ciel je vois dans les nuages le visage de mon oncle Alberto hurlant, avalant la lune, puis se déformer et devenir peu à peu celui de ma mère, calme et serein. »
OLIVIER CULMANN
CERBÈRE > KM 3329
LAURE FLAMMARION & NOUR SABBAGH
ILLE-SUR-TÊT > KM 3506
« Parfois, enfin, soudain, nous rencontrons les absents dont nous avons guetté les empreintes. »
BERTRAND DESPREZ
COUIZA > KM 3622
« Une brume coriace et quelques degrés dans une solitude absolue. Tout près de l’abandon, perte de repère, détour monstrueux et une arrivée sur un lac par une forêt en pente vertigineuse. »
JULIEN MIGNOT
BOUSSENS > KM 3845
« Car, je le disais, la marche, finalement n’est pas très propice à la photographie. A la mienne en tout cas. Elle est trop métronomique, le paysage se cite en permanence. »
THIERRY ARDOUIN
LOURDES > KM 4022
YOHANNE LAMOULÈRE
L’HÔPITAL-SAINT-BLAISE > KM 4124
« À Bidaray, dans la Nive, le Diable qui voulait parler Basque et n’y arrivait pas, s’est jeté de colère. Et nous, nous usons nos yeux à regarder. Ça pique. La marche est terminée. Ça sent l’océan, rien que l’océan. »

Carnets photographiques

Six carnets photographiques autoédités, publiés au fur et à mesure de l’avancée de la marche, entre juin et décembre 2017.

Livre

AZIMUT (Éditions Textuel, 2020)

Le livre rassemble les récits photographiques revus et agencés dans une forme nouvelle pour cette édition. Chacun des photographes a contribué au journal de bord collectif sur Instagram comme au carnet Moleskine transmis d’étape en étape. Un choix de ces textes balise l’ouvrage conjuguant talent narratif et déambulation poètique.

Photographies et textes : Bertrand Meunier, Grégoire Eloy, Gilles Coulon Meyer, Antoine Bruy, Marion Poussier, Denis Bourges, Pascal Aimar, Alain Willaume, Patrick Tourneboeuf, Flore-Aël Surun, Mat Jacob, Kourtney Roy, Pascal Dolémieux, Michel Bousquet, Julien Magre, Stéphane Lavoué, Léa Habourdin, Frédéric Stucin, Marine Kanier, Clémentine Schneudermann, Mouna Saboni, Guillaume Chauvin, Yann Merlin, Gabrielle Duplantier, Olivier Culmann, Laure Flammarion, Bertrand Desprez, Julien Mignot, Thierry Ardouin, Yohanne Lamoulère.
Préface : Anne-Céline Borey, Sylvain Besson ; musée Nicéphore Niépce
Postface : Héloïse Conesa, Bibliothèque nationale de France
Conception graphique : Justine Fournier
Nombre de pages : 288 pages
Format : 17 x 23 cm
Prix : 35 euros

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Exposition

Exposition produite par le musée Nicéphore Niépce, en partenariat avec Diaphane.

Historique de présentation
Centre d’art et de photographie de Lectoure, 2021
Festival Photaumnales, 2020
Musée Nicéphore Niépce, 2020

Infos et conditions de location : tf@tendancefloue.net / +33 (0)1 48 58 90 60

Lancements des carnets et du livre Azimut

 

Galerie Clémentine de la Ferronnière, Paris / 2017
Fondation Manuel Rivera-Ortiz, Arles / 2017
Espace Beaurepaire, Paris / 2017
Galerie Fisheye, Paris / 2018
Galerie Folia, Paris / 2018
Galerie in)(between, Paris / 2018
Le Bal, Paris / 2018

Revue de presse

ARTE – 05.11.2020

« Azimut, une traversée de la France à pied par des photographes », par Richard Bonnet
Reportage et interviews de Bertrand Meunier, Marine Lanier et Yohanne Lamoulère.

France Culture – 04.11.2020

« Grégoire Eloy et Marine Lanier, la photographie tous azimuts » par Marie Richeux
Interview de Grégoire Eloy et Marine Lanier.

Telerama – 18.11.2020

« Photo : quand le collectif Tendance Floue arpentait la France tout “Azimut” » par Élodie Cabrera

Marianne – 09.10.2020

« Marche ou rêve. Entretiens avec Yohanne Lamoulère et Bertrand Meunier » par Nicolas Dutent

L’Intervalle– 06.10.2020

« Azimut, une traversée de la France à pied par des photographes » par Fabien Ribery

Place – 01.2021

« AZIMUT, du collectif Tendance Floue. Entretien avec Bertrand Meunier » par Danièle Méaux