Photographes / Alain Willaume
Les chants de Mars
Allemagne, 1988
Un train militaire de l’armée française chargé de chars traverse l’Allemagne en direction de Berlin-Ouest
« Tu ne tueras point » est la première parole du visage. E. Lévinas, Éthique et infini
(…) Ce n’est pas la guerre : ce n’est plus le spectacle aveuglant des assauts, des massacres et de la dévastation. Mais ceci plutôt – qui les « interdirait » : précédant tout commandement, même, la révélation naïve du visage d’autrui ; de ces visages de guerriers, ici, exposés à la mort invincible, comme nous – et dénués, sans défense à cause de cela : abandonnés à nous. Écouter, inaugurale – nous proclamant d’emblée « sacrés » l’un pour l’autre – cette prière silencieuse que chaque visage renouvelle :« tu ne tueras pas ». Extrait de Le désenchantement, de Gérard Haller, dans Les Guetteurs de sons, catalogue de l’exposition d’Alain Willaume, Éditions Michel de Maule / Festival musica / Musées de la Ville de Strasbourg, 1989.