Commande en Angola pour le goupe BEL, via l’agence Collateral Creations, 2012
Série photographique d’Olivier Culmann dans le cadre de l’exposition et de l’ouvrage Particules alimentaires

 

À Luanda, quand on évoque l’alimentation des classes moyennes, la première réaction est unanime : « Quelle classe moyenne ? ».
Puis, chacun reconnaît qu’il y a bien une population qui n’est ni vraiment pauvre, ni vraiment riche. Sans que personne ne parvienne à la définir.
À quelle classe appartient-on lorsqu’on mange dans des barracas en tôle, lorsqu’on fait ses courses à l’hypermarché ou lorsqu’on se fournit sur un marché traditionnel ? Celui-ci est-il forcément symbole des classes populaires et d’une Afrique destinée à disparaître ? Et l’hypermarché la marque de l’avenir ?
Aucune vérité absolue n’est apparue à l’issue de mon séjour. Le marché extérieur perdure quand l’hypermarché cherche sa place. Les classes populaires ne vont pas au supermarché et les classes aisées continuent de fréquenter le marché traditionnel. On peut même voir se rencontrer un ministre et un habitant de bidonville dans une barraca, parce que le poisson grillé y a bonne réputation.
Ainsi, pour déceler leurs différences, au lieu de porter mon regard sur les individus eux-mêmes, j’ai pris le parti de me tourner vers les signes et particularités de leur alimentation : les lieux où l’on se procure les aliments, avec les différents choix et esthétiques d’agencement ; les repas, que j’observe vus du dessus afin de percevoir les différentes habitudes sociales ; les images publicitaires que consomme la société angolaise afin d’y relever les symboliques récurrentes.
Si les modes de vie ont certes évolué en Angola depuis la guerre civile, il ne semble pas garanti que la classe moyenne soit l’avenir du pays. Comme partout ailleurs, certains sont indéniablement de plus en plus riches. Mais la généralisation d’un consommateur repu et satisfait semble imputée davantage à l’imagerie publicitaire qu’à la réalité sociale visible au coin de la rue.